Rencontre
avec le dramaturge anglais Ian Buckley (article traduit du journal Morning Star)
Rencontre avec le
dramaturge anglais Ian Buckley, (notre camarade anglais qui vit à Poitiers une
partie de l’année et collabore à l’envoi de la Vienne démocratique)
où il explique pourquoi sa pièce, Le Dernier combat des
tailleurs, prochainement sur une scène londonienne, doit être
impérativement vue par tous les syndicalistes en ces temps de marasme
économique.
Traduction
par notre ami Jean Géron d’un article du Morning
Star, journal du Parti communiste anglais
La neige était épaisse le
jour où j'ai rencontré le dramaturge communiste Ian
Buckley vers
la fin du mois dernier. Avant l'interview nous avons écouté les nouvelles du
matin annonçant que, malgré les espoirs et fanfaronnades des Osborne, Cameron
et Clegg, si l'Angleterre n'était pas tout à fait dans la panade économique,
elle se dirigeait à grands pas vers un triple salto dans la récession.
Le cadre de la nouvelle
pièce de Buckley est situé il y a quatre ans de cela, lors d'un autre janvier
de neige lorsque tomba l'annonce officielle que l'Angleterre était tombée dans
la crise que nous connaissons.
Le
Dernier combat des tailleurs n'aborde pas directement les grands
problèmes ; c'est un gros plan sur quatre vieux tailleurs communistes de
Londres dont deux sont juifs.
Ils se réunissent au siège
du Parti Travailliste de Bethnal Green ; ce doit
être la dernière réunion de la section londonienne de leur syndicat, affilié au
GMB (General, Municipal Boilermakers Union – un grand
syndicat anglais) .
Max, Barney, Tom et Georges
se sont réunis pour entériner la dissolution de la section locale de ce
syndicat qu'ils avaient tendrement chéri. Elle appartiendrait désormais au
passé.
Mais pour chacun d'entre
eux, après un demi siècle de militantisme, leur syndicat demeurerait « ce
bon vieux NUTGW », le Syndicat National des tailleurs et travailleurs du
vêtement.
Où donc Buckley a-t-il
trouvé le thème de sa pièce ?
« C'est l'histoire de
mon père » explique-t-il « mon père, Ernie m'a inspiré l'un de mes
personnages. Papa a maintenant 93 ans, et durant toute sa vie professionnelle,
il a crée des costumes très chers. Il a travaillé dans les ateliers insalubres de
Soho, mais les costumes en question étaient revendus pour des milliers de
guinées par les tailleurs chics de Savile Row. »
Les quatre tailleurs sont
d'aimables fripouilles et il se trouve que l'un d'eux est le papa de Buckley.
Alors, essayer de vivre en conformité avec l'idéal politique qu'ils ont en
commun entraîne une totale et comique pagaille.
« Ce dernier meeting
du syndicat devait être un moment solennel, mais les affaires ne se déroulèrent
pas comme prévu » explique-t-il, « Une remarque fortuite et voilà
l'enfer qui se déchaîne. Au lieu d'un triste adieu à une vie de combat, les
voici plongés jusqu'au cou dans des événements imprévus et des histoires un peu
louches. »
Malgré la drôlerie des
contorsions et simagrées, Buckley espère que la pièce -qui se veut acte de
souvenir et d'hommage- montre l'affection réelle que ces hommes montrent les
uns pour les autres, pour leur syndicat et la nostalgie qu'ils ressentent lors
l'acte de dissolution. Le dramaturge Ian Buckley n'est certes pas indifférent
aux idées communistes. Toujours politiquement actif, il passe l'essentiel de
son temps outre-manche et milite au sein du PCF. « J'aime bien quand ils
organisent des rassemblements et des manifestations. J'aime voir tous ces
drapeaux rouges frappés de la faucille et du marteau » aime-t-il à
déclarer.
Il raconte combien ses
parents communistes furent fiers lorsqu'il intégra l'université de Cambridge où
il fut le premier étudiant issu d'un lycée moderne (Comprehensive
school) à franchir la « Sainte Porte » de Christ's College où il devait
passer une licence de Littérature Anglaise, et c'est avec une même fierté qu'il
explique avoir été le premier élève issu d'un lycée moderne à avoir été
sélectionné dans l'équipe de rugby de l'université pour jouer contre Oxford à
Wembley.
Une thèse (M.A.) soutenue à
l'Université du Kent sur Sean O'Casey1 convainc Buckley d'écrire
pour le théâtre. En plus d'une carrière universitaire où il enseigne les arts
de la scène, il a écrit des pièces produites par la BBC, représentées dans de
nombreux théâtres marginaux et même dans une salle de réunion des dockers.
L'un de ses œuvres, Le
Révolutionnaire, qui met en scène un revendeur de voitures
d'occasion communiste, a été diffusée conjointement par BBC Radio 4 et une
radio allemande. Bien que le vieux syndicat des tailleurs fasse partie de la
puissante centrale GMB, il n'a jamais oublié ses racines et apporte son aide
financière à la pièce. Il a même retenu tout le théâtre pour une représentation
privée destinée aux membres du GMB le 23 février prochain.
Sera présent le Secrétaire
général du GMB, Paul Kenny qui, il y a longtemps de cela, fut responsable de la
section des tailleurs. Kenny a collaboré avec Ernie Buckley dont il est devenu
un grand ami.
« Mon père et moi
sommes ravis et fiers que le syndicat soutienne la pièce » déclare Ian.
La
pièce sera jouée du 19 février au 10 mars au Barons Court Theatre,
dans la salle The Curtains up Bar 28a Comeragh Road London W14
Box
office : (020) 8932 – 4747
Traduction
par notre ami Jean Géron d’un article du Morning
Star, journal du Parti communiste anglais
1Sean O'Casey,
dramaturge progressiste irlandais, auteur notamment de La
Charrue et les étoiles, L'Ombre d'un franc-tireur,, Des Roses rouges pour
moi... (N. du T.)